Madeleine Wallace
La concierge
On dit pleurer comme une Madeleine et Wallace, il y les fontaines Wallace,c'est
dire si elle était prédestinée aux larmes, la concierge
de la rue des Trois Frères. C'est qu'elle l'avait vraiment dans la peau
son Adrien qui lui écrivait de si belles lettres du temps où
elle était sa " belette adorée ". Mais les choses
se sont gâtées quand il est entré comme comptable à
la Coccinelle Assurance. Sa vamp de secrétaire lui a fait les yeux
doux et il s'est laissé embobiner. Pendant que la belette délaissée
dépérissait à la maison, les deux amants écumaient
les hôtels des Batignolles. Les habitants du quartier riaient sous cape
et échangeaient des devinettes oiseuses, genre : " Qu'est-ce qui
reste à la bignole quand son mari batifole aux Batignolles : la gnôle
!" Mais la greluche, elle, c'était du satin qu'il lui fallait
pour écarter les cuisses. Du coup, le bel Adrien s'est mis à
piquer dans la caisse. Discrètement d'abord, et puis un jour, il a
mangé la grenouille: cinquante millions d'un coup. Et hop ! Envolés
dans la pampa, les tourtereaux. Mais le 14 janvier 1967, quelqu'un est venu
annoncer à Madeleine Wallace que son mari était mort dans un
accident de bagnole, là-bas, en Amérique du Sud. Depuis, elle
entretient son chagrin à coups de petits verres de porto. Et les jours
où ça ne suffit pas, elle se complaît à relire
les lettres d'amour des premiers temps, tout en flattant l'échine de
Lion Noir, le chien d'Adrien empaillé depuis des lustres. Ses bons
yeux confiants, quoique vitreux, sont d'ailleurs rivés sur un portrait
de son maître.
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